Salut Stench, peux tu commencer par te soumettre à la vieille tradition des interviews...
Bon, le groupe VACARME s’est formé en 1991. C’est moi et un bassiste de l’époque qui l’avions monté, et on faisait du grind pur jus, à la old Napalm death, Repulsion, Carcass, etc. On s’est bien vite faits connaître à l’époque, parce que la scène alsacienne était en pleine effervescence avec des groupes aujourd’hui cultes comme Crusher, Mercless, Mestema, Dismal feast, etc. Quelques concerts ont été possibles. Bien entendu, nous étions très jeunes, et le groupe finira par splitté en 1994 pour cause d’études de chaque membre. La formation d’alors était constituée de moi (Stench) à la guitare, Cyril à la basse, Nico à la batterie (il est mort il y a quelques années) et Max au chant . J’ai de mon coté continué à jouer dans pas mal de groupes à droite et à gauche, toujours death ou grind.
En 2000, j’ai répondu à l’annonce d’un batteur qui voulait monter un groupe. Il s’agissait de Fred. Le courant est super bien passé, et pour éviter les pénibles recherches de musiciens, j’ai recontacté Cyril, plutôt étonné d’entendre parlé de moi après toutes ces années. Comme nous étions deux anciens membres de VACARME dans le groupe, et pour ne pas avoir à se creuser la tête pour trouver un patronyme, on a décidé de reprendre ce nom, histoire aussi de profiter d’une réputation que le groupe avait encore. Par contre fini le grind, place au death metal old-school qu’on aimait tous. On repartait de zéro, tout le répertoire était neuf. Au bout de quelques mois Cyril s’est barré, parce qu’après 6 ans d’inactivité dans la musique, le metal ne le branchait plus du tout. On a trouvé ensuite Steph au chant, et c’est ce line-up qui constitue aujourd’hui la base inébranlable de VACARME : Stench à la guitare, Fred à la batterie, et Steph au chant. La place de bassiste a par contre toujours été un problème, rare sont les bassiste qui ont joué plus de six mois avec nous…Mais on se demerde, et peut-être qu’un jour cette malédiction cessera !
Je suis donc le seul membre du groupe originel, et je pense donc qu’il s’agit de deux groupes differents. VACARME est cette formation de 2000, ce qui s’est passé avant n’a plus trop d’importance à mes yeux.
Après la sortie de votre toute première démo « feast of the cannibals », quels retours avez vous eu aussi bien au niveau des zines que du public ?
Pour le moment, le cd n’a pas encore été mis en vente, c’est nous qui envoyons des exemplaires promos aux structures de notre choix. Je ne peux donc pas vraiment encore te parler des réactions du public. Par contre, on peut dire que pour le moment TOUS les retours sont enthousiastes pour ce qui concerne les zines. Les chroniques tombent petit à petit et c’est vrai qu’elles sont toutes positives, ce qui nous encourage pour la suite. En même temps, ça fait qu’on voit la future mise en vente du cd d’un très bon œil, et qu’on ne craint pas du tout l’accueil du public. Des personnes extérieurs au groupe nous ont donné leur avis objectif et il était très favorable… Je crois qu’on peut s’estimer heureux de la tournure que prennent les choses !
Racontes nous un peu le premier concert de VACARME, dans quel état étais tu avant de jouer ? et après ?
En fait, comme je te l’ai dit, il y a eu deux VACARME. Le premier concert avec la première formation remonte à plus de 10 ans…J’étais très jeune, et complètement bourré ! Mais pour moi, cette première mouture du groupe n’a plus vraiment d’importance. Le vrai VACARME est celui de 2000, et on peut dire que pour moi le premier concert a eu lieu avec cette formation. Déjà, fini l’alcool… je n’en bois plus depuis des années, et je pense que pour donner un show vraiment intense et réussi, il faut être sobre, au moins le temps du set… En fait, ce que j’ai ressenti lors de ce premier concert, c’est ce que je continue de ressentir avant chaque concert !!Avant chaque show, je suis très stressé, parce que je ne veux en aucun cas faire des choses juste moyennes, et ce perfectionnisme finit par te foutre une grosse pression ! En même temps, c’est un sentiment super grisant de savoir que les gens dans la salle sont venus pour toi, et qu’ils t’attendent ! Apres le concert, soulagement : soulagement de voir que tout c’est bien passé, que le groupe a à nouveau pété la baraque, et plaisir de répondre aux gens qui viennent te féliciter, taper la discussion, serrer des mains, lier des liens , etc.
Que penses tu de l’opportunité de pouvoir vous promouvoir du coté suisse ?
C’est une chance énorme ! La Suisse semble bien me réussir : notre ancienne bassiste était Suisse, notre chanteur est Suisse, même ma femme est Suisse ? Pour ce qui concerne Steph, il faut savoir que ce n’est pas du tout un choix lié à sa nationalité; on a mis presque deux ans à trouver un bon chanteur, et, comme notre situation proche des trois frontières nous le permettait, on a auditionné des Français, Allemands, et Suisses,. Notre choix s’est porté sur Steph, même si au départ on se posait des questions au sujet de la communication dans le groupe ; nous ne parlions pas Suisse, il ne parlait pas français… En fin de compte, on parle tous anglais, et on ne regrette en aucun cas notre choix ; Steph est excellent dans son domaine, extrêmement gentil, et surtout hyper professionnel. C’est n’est qu’avec les mois passants qu’on a compris la chance de notre localisation près de la frontière . La preuve : on va jouer dans quelques semaines lors d’un grand festival suisse qui ne fait jouer que des groupes suisses : c’est la présence de Steph dans le groupe qui nous a permis de décrocher cette place !
Que représente selon toi la pochette de « Feast of the cannibals » ? Qui l’a faite ? et que voulais tu exactement ?
Franchement, je ne suis même pas certain qu’on a tous dans le groupe la même idée de ce que représente cette pochette ?… En fait, on a donné carte blanche à différents artistes ; on leur a filé les textes de nos chansons, une biographie, quelques extraits musicaux, et ils se sont lancés. On savait juste qu’on ne voulait pas d’un truc « banal », genre gore à la Cannibal Corpse ou autres. Et au final, après avoir jugé ce qu’on nous proposait, on est tombé d’accord sur cette illustration, sombre, énigmatique, mais malgré tout morbide. Est-ce une femme et un demon ? Un mec qui se double ? Des frères siamois ? Peu importe, visuellement, elle intrigue, et c’est ce qui compte. Pour information, les décors de notre site web ont été dessinés par la même artiste. Merci donc à mademoiselle Katia !
Comment comptez vous enchainer la suite des evènements ? (tournée, album, jouer avec un maximum de groupes...)
Dans un futur immédiat, le cd sera entièrement finalisé la semaine prochaine. On le mettra donc en vente, en autoprod, et on l’enverra à une immense quantité de labels, zines, radios, etc. Ce sera donc la promo qui va primer. C’est, comme on s’en est rendu compte, la seule façon de se faire connaître, et donc de jouer plus en live. Car c’est bien entendu notre but : concerts, concerts, concerts… Les news sont d’ailleurs plutôt bonnes, puisque sont confirmées de grosses dates comme les HELLVETIA DAY en Suisse (nous ouvrons pour Prostitute Disfigurment) et le SOUL GRINDING festival à la laiterie de Strasbourg en février. Tout me semble donc plutôt bien parti, et vraiment réjouissant !
Que penses tu du fait que les groupes se précipitent pour figurer sur des compiles telles que « the french underground series » (skull fucked) ou « altars of mad death. Vol.1 » (diamond prod) ? Penses tu que ce genre de compile est réellement écoutée à sa juste valeur ?
Je ne sais pas, je suis un peu perplexe… C’est très probablement bénéfique pour un groupe qui veut se faire un peu connaître, parce que ces compil’ sont souvent distribués à grande échelle (entre 1000 et 2000 exemplaires), souvent gratuitement pour les zines, etc. C’est donc en effet un moyen de se faire remarquer. Alors c’est sûr que pour un mec qui reçoit 50 cd par semaine, un titre d’un groupe sur une compil, ça va pas être très utile parce que noyé dans la masse ; par contre, je me souviens de ma jeunesse, (le bon vieux temps du « tape trade »), et c’est vrai que beaucoup d’obscures formations qui figuraient sur ces compils attiraient mon attention. Et si tu regardes, ces groupes inconnus d’alors qui devaient se plier aux règles des compils underground avaient pour nom Rot, Agathocles, Inhumate, etc., etc. Faut donc croire que ça a eu un impact, et même si ça ne fait pas tout, ça peut être utile. A condition sans doute d’être parmi les tout meilleurs groupes de la compil ! Là seulement, l’auditeur voudra en savoir plus ! Le vrai problème de ces compils, à mon avis, c’est que chaque groupe propose un titre qui dépendra de son budget ; le son va donc varier de l’excellent pour une formation déjà rodée au minable pour un groupe débutant (je caricature un peu bien sûr). Et c’est donc le groupe qui est déjà une « valeur sûre » qui va attirer l’attention…Coup d’épée dans l’eau pour le groupe débutant !
Comment se porte la scène dans ton coin ? et en suisse ?
Dans mon coin, j’ai pas trop l’impression que le metal extreme se porte super bien. Dans le nord alsace, sans aucun doute, avec un paquet de formations comme INHUMATE , SOLSTIS , SOLEKHAN , COITUS, MOLOSSE, etc. Chez nous, à l’extrême sud de la région, non, ça semble mort pour le death. Par contre en Suisse, c’est la folie !!! Des tonnes de groupes connus internationalement (REQUIEM, DISPARAGED, GERBOPHILIA, CROPMENT, etc.) et surtout des associations hyper pro, sur lesquelles tu peux compter, qui organisent des trucs excellents dans des conditions optimales, bref, une vraie scène underground passionnée. Même le public est présent, nombreux et motivé. Certains devraient y faire un tour et prendre des leçons je pense…
Y a t-il quelque chose que tu aimes faire particulièrement avant de jouer en concert ?
C’est vrai que j’ai une sorte de rituel juste avant de monter sur scène, et que je fais à chaque fois. Si un jour je ne pouvais pas, je serais vraiment mal à l’aise je crois : je me passe la tronche sous la flotte ! Ca a vraiment plusieurs avantages : déjà, c’est à ce moment là que le stress est à son comble, et l’eau froide me remet un peu les choses en place, et fait baisser la pression. Ensuite, pendant le set, c’est un super moyen pour te rafraîchir, la tignasse mouillée gorgée d’eau ! Enfin, avec les cheveux secs, il arrive souvent, quand tu fais le niqué sur scène, de te retrouver avec une longue mèche au fond de la gorge, et tu continues de jouer en faisant en sorte que personne ne remarque que tu es doucement en train de t’asphyxier… Quand tes tifs sont mouillés, ça n’arrive plus ! Voilà, le secret du chef pour un show réussi ?
Je te laisse libre choix pour conclure l’interview, merci d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
Ca ressemble sans doute à un cliché, mais je te remercie TOI pour cette interview. Ce sont les personnes comme toi qui font vivre l’underground, et qui facilitent énormément le travail des groupes. Sinon, je ne peux que dire aux gens qui veulent aussi soutenir cette scène qu’un des moyens les plus simples et les moins coûteux, c’est de se déplacer aux concerts, soutenir les groupes, les grands bien entendu, mais surtout les plus « petits », les moins connus, histoire de montrer à tous qu’un public existe pour cette musique, pour que les organisateurs et autres personnes influentes se rendent compte que le death metal est là pour encore un moment !