Salut poilu ! Peux tu commencer par présenter « Snakebite Prods » et ses débuts ?
Fab : Le début de Snakebite productions a commencé dès le sortie de notre 1ère production (Mcd Ouroboros : Critical perspective). A la base on a crée le label surtout afin de permettre aux autres labels de prêter plus attention que si il s’agissait d’une auto-prod, ce qui marcha. Puis on a constaté qu’il y avait un réel besoin d’un label afin de soutenir les groupes en France et dans notre région moribonde. Le label Criminal records(Cannes) ayant cessé ses activités et Warpath records(Toulouse) ne se consacrant maintenant plus qu’à leur shop.
Aussi de nombreux bons groupes existant depuis des années ont fini par splitter par manque de support et d’aide à l’exportation de leur musique en dehors de la France.
Nous avons par la suite enchaîné avec la sortie d’enregistrements des groupes Bloodshed, Necrocult et Gomory. Nous préparons en ce moment la prochaine production qui est l’album de Bloodshed intitulé « March of the undead », sortie prévu en octobre 2005. Des concerts en France et en Europe devraient suivre par la suite.
Quelles sont les principales difficultés que tu as rencontré à la formation du label ?
Fab : La principale difficulté à la formation du label était qu’il fallait se faire un nom et gagner la confiance de la scène dans nos démarches. Créer ainsi une identité propre au label. Nous sommes maintenant par exemple surtout connu pour être un des labels les plus bourrins en France.
Si c’était à reprendre depuis le début, te relancerais tu dedans ?
Fab : Non, peut-être pas, car il faut une volonté de fer et une attention de tous les instants pour garder le cap dans les finances et moralement. Il faut vraiment plus que croire en ses objectifs pour ne pas en décrocher, en particulier vu la somme de sacrifices déjà réalisé, on peut vraiment affirmer que c’est un -amour inconditionnel- à nos groupes et à ce style musical.
Tu ne peux qu’être à notre place pour correctement saisir cela, tout comme certains labels qui n’exploitent pas leurs groupes le savent aussi ou l’ont su car ils ont du mettre la clef sous la porte ou se diversifier depuis.
Quelles sont les choses que tu aurais évité de faire ?
Fab : Nous aurions délégué dès le début la partie administrative à quelqu’un de sûr, et de rémunéré, car c’est fastidieux.
Toujours porté par la passion, nous aurions évité de consacrer autant de temps au label, trop essayer d’en faire est usant et les effets sont de toute façon à chaque fois longs à se faire sentir. Car le danger est que plus on monte et l’intérêt se porte sur nos activités, et plus le risque est grand d’être pris dedans à courir sans cesse, s’épuiser, à ne jamais se vider complètement l’esprit.
Qu’aurais tu changé à ta façon de faire ?
Fab : Déjà nous n’aurions pas du être aussi confiant en acceptant un membre(depuis exclu) au sein du label, qui nous a posé tout un tas de problèmes sérieux par la suite.
Présentes nous l’équipe de « Snakebite Prods »..
Fab : L’équipe de Snakebite productions se compose de Ash et de moi même. Nous nous répartissons les tâches entre principalement la partie production, management, distribution, promotion, correspondances, faire tourner notre site internet et enfin la difficile tache de l’organisation de concerts ; ce qui donne tu t’en doute déjà largement de quoi faire si tu veux vivre un minimum une vie à côté.
Comment sélectionnes tu les groupes et qu’attends tu d’eux ?
Fab : Nous sélectionnons les groupes sur plusieurs niveaux, une rubrique de notre site dans la section ‘Productions’ est déjà très fournie à ce sujet, mais résumons.
Tout d’abord sur le plan purement musical bien exécuté avec une netteté de jeu, chacun des membres doit être capable d’écouter ses comparses en jouant et se doit de prouver qu’en studio il peut immortaliser ses prises seul avec son casque dans les oreilles contrairement à une prise dite live réservée aux musiciens du dimanche.
Puis notre sélection s’arrête dans l’ordre sur : brutalité, innovation, technique…
Ensuite sur son efficacité en concert, son concept artistique, son attitude, son historique, sa discographie, et très important la sympathie de ses membres.
Enfin il faut que l’ensemble corresponde à la vision du label qui est avant tout dans un esprit purement death metal et sans oublier de brutalité maîtrisée.
La sélection devient de plus en plus rigoureuse face aux moyens limités dont nous disposons, une erreur dans certains choix d’investissements peut vite s’avérer fatale.
Cela nous oblige ainsi à nous restreindre à produire seulement 1 à 2 productions par année et donner le meilleur de nous même pour lancer ces groupes vers une reconnaissance durable.
Ash : Quand les groupes décident de signer avec notre label, ils savent à quoi s’en tenir, nous leur devons des obligations d’après les contrats. Mais il en va de même dans l’autre sens, voilà ce que nous attendons d’eux :
On demande aux groupes qu’ils adhèrent à l’association en cotisant chaque année une somme symbolique, ce qui est un des nombreux aspects qui nous différencient des entreprises dans ce secteur. Pour ne pas s’auto pénaliser et se donner les moyens d’atteindre leurs objectifs, les groupes doivent comprendre qu’il leur faut contribuer activement à la promotion de leur musique même à leur échelle, cela par exemple par le biais de prestations concerts de qualité, en actualisant leur site internet régulièrement, en maintenant de bons contacts avec la scène car à leur niveau underground déjà ne pas s’intéresser à leur scène empêcherait à terme tout espoir de « carrière ».
Savoir d’où on vient, qui sont nos fans, éclaire sur une trajectoire artistique.
Snakebite attend des groupes qu’ils soient réguliers, plutôt que de beaucoup nous faire plaisir mais qu’un seul jour.
Nous nous séparerions tôt ou tard par exemple de groupes qui seraient comparables à des oisillons dans le nid douillet attendant leur ration pour se gaver.
Quel type de contrat proposes tu aux groupes ? En quoi consiste-il ?
Fab : Nous ne proposons pas de contrat type, nous ajustons le coût total par rapport à l’impact du groupe, les préférences et les besoins réalistes avec celui-ci.
Un contrat Snakebite consiste sommairement en une part de royalties au groupe, un management personnalisé, une forte démarche orientée vers la promotion et la distribution.
Pour une éventuelle seconde réalisation sur notre label, une participation pour les frais d’enregistrements, mastering et/ou pochette.
La distribution est faîte dans le monde et de manière conséquente en France par la vpc d’autre labels et/ou disquaires. Le nombre varie selon leur demande autour de 80/100 distributeurs différents, laisse nous profiter de ces lignes pour remercier du fond du cœur nos partenaires dans les labels et magasins de disques sans eux nous ne serions pas grand chose !!!
La promotion est faîte par les encarts de pub payants et interview dans les zines, la participation aux compilations, l’envoi de matériels promotionnels aux médias (radios, webzines, zines). Les flyers bien sûr et tout autre marchandising quand cela est possible (stickers, t-shirts, …).
Comment t’occupes tu de la promotion du label ? et de ses groupes ?
Fab : J’y ai en partie répondu dans la question précédente, mais ce n’est pas tout. La promo doit se faire aussi beaucoup par le bouche à oreille :
• A l’occasion d’évènements, concerts, festivals où ne tenons un stand qui permet une large diffusion de flyers et des oeuvres. Nous faisons se rencontrer entre eux certains acteurs de la scène, qu’ils soient signés sur notre structure ou non.
• Par la représentation des groupes de notre label lors de concerts (qui est je pense la meilleure promotion pour un groupe).
• Grâce à internet (mailing, échanges de liens, forum, annonce de concerts, …).
Fais tu une sélection des zines, radios, assos... auxquels tu envoies des CDs promos ? Sur quoi te bases tu ?
Fab : Oui bien sûr on fait une sélection car dans ce domaine aussi les demandes fusent.
On demande une preuve de leur activité métallique (site, playlist, n° ou couverture de zine, …) et on se renseigne assez pour connaître la réputation de l’interlocuteur.
Je me base surtout au niveau de l’actualité des mises à jours, le style de groupes présentés et la clarté du contenu. Si globalement tout cela nous correspond on ajoute leur contact à notre longue liste d’attente d’envoie promo.
Parles nous des « ripps offs » avec qui tu as déjà eu affaire ? (c’est le moment de passer un coup de gueule !)
Ash : Les rip offers, traduisez arnaqueurs, sont des personnes malintentionnées dont l’objectif est de mettre un terme à l’underground et de se faire de l’argent dessus. C’est pour cela que l’on a comme objectif de contrecarrer ces pratiques en les reportant dans nos courriers, articles de fanzine/webzine, par le bouche à oreille, et dans la section dédiée sur notre site. Nous sommes en contact avec d’autres labels qui dénoncent ces arnaques afin d’avoir à disposition toujours une liste la plus complète et actuelle.
Les types d’arnaques sont divers :
Ceux sont des gens indignes de confiance qui volent dans la caisse(ex : un membre de son groupe, label, magazine), ne règlent pas leurs dettes, n’honorent pas un contrat, commandent avec de fausses cartes bleues, établissent des chèques en blanc, faux billets, piratent des œuvres, mettent en téléchargement gratuit ou payant de la musique sans aucune limite donc sans autorisation préalable.
Dans la plupart des cas il s’agit d’un label ou d’un média crée fictivement afin de faire croire aux gens qu’il existe réellement et ensuite de soutirer le maximum à sa victime.
Ce genre de personne demandera avec insistance des exemplaires promotionnels de groupes alors qu’il se moque éperdument des artistes, ce qu’il veut c’est des cds gratuits et ne surtout pas supporter leur musique.
Il peut proposer une liste de distribution à très bas prix, ou bien demander à un groupe ou label de travailler avec lui par le biais d’échanges (trade).
Si vous lui envoyez le paquet du deal en premier ou en même temps, de son côté il n’enverra rien en retour et se fera son sale argent en revendant vos produits. Evidemment il commencera toujours par vous dire qu’il va envoyer son paquet, rien ne se passe après des prétextes, des relances, puis il finit par couper tout contact avec vous.
Mais il peut s’agir simplement aussi de détraqués qui œuvrent derrière une enseigne connue, ils se mélangent dans un réseau de gens réputés sérieux et depuis l’intérieur se croyant virtuellement intouchables, ils arnaquent les autres plus petits que eux ou situés à des milliers de kms de distance.
Les courriers de relance et parfois les menaces peuvent aboutir après des mois/années d’attente, mais n’espérez pas trop.
Il y a en permanence de nouveaux arnaqueurs qui font ou refont leur apparition sous un autre faux nom.
Certains n’agissent pas tout seul, ce sont parfois des bandes organisées entre elles, une mafia. Un pôle principal est situé à Davao city en Philippines puis il y en a aussi beaucoup en Indonésie, Amérique du Sud(Pérou, Brésil..), pays de l’Est ce qui ne signifie pas pour autant qu’il n’y a que des voleurs dans ces pays là, mais le facteur de risque est très important.
Ceux ci sont malheureusement partout, même en France.
Fab : Donc le plus sage, le plus prudent quand on a des doutes c’est de demander à recevoir le paquet en premier avant d’envoyer quoi que ce soit et de bien se renseigner sur la notoriété/réputation de la personne sur internet. Parfois il vaut mieux laisser tomber plutôt que de prendre des risques.
L’essentiel quand vous avez été la victime d’une arnaque est de le faire savoir le plus rapidement possible autour, avant que le désastre ne s’étende à d’autres, vous gagnerez de la reconnaissance et surtout garderez en vie notre musique.
Concernant les groupes, qu’est ce qui t’as poussé à signer NECROCULT ?
Fab : J’ai apprécié surtout chez Necrocult l’esprit black et death des années 90 qui ressort dans leur musique. Ce qui est devenu très rare de nos jours avec la majorité des groupes actuels qui rejettent leurs racines.
Ash : Necrocult transporte les amateurs que nous sommes de l’esprit de cette période essentielle, leur inspiration est la continuité directe des racines de ces traditions là, et étant joué avec les moyens actuels ce ne sont pas des clones. Cela n’est pas non plus de la nostalgie mais le passage du flambeau des héros de jadis vers d’autres contrées inconnues. Ecoutez par vous même leurs necrohymnes intemporels, vous verrez ce dont on parle…
Qu’est ce qui t’as plû chez GOMORY ?
Fab : Gomory dégage une forte énergie par leur musique riche et variée en sonorité. Cela par des passages brutaux parfois proche de Nile, des ambiances sombres et oppressantes proche d’Incantation et part de bonne touches thrash (type Slayer, Kreator, Sodom, …). Leur musique reste efficace tout au long de l’écoute sans devenir lassante.
Ash : Ils sont des musiciens impressionnants, ont le goût du perfectionnisme, exécute avec maîtrise leurs titres efficaces dans une veine brutal death aux accents thrash. La carrure d’imposer sur scène un set travaillé jusque dans les moindres détails, faire passer LE feeling dans la fosse du public, à condition de compléter leur line up pour les concerts.
Tant qu’on y est, que peux tu nous dire sur les autres groupes de chez « Snakebite » ?
Ash : Bloodshed joue un death brutal et macabre, le côté « macabre » subtil vient de ce goût du pourri et du tordu, ils ne sont pas à classer dans les groupes de gore, leurs titres sont plus psychologiques.
Leur album vient d’être enregistré au Wolfsangel studio (Montpellier) et ils se préparent à faire d’autres concerts plus motivés que jamais afin d’assurer la bonne promotion de celui-ci !
Ouroboros joue du brutal crushing death, « crushing » car leur accordage bas est exploité au mieux pour vous broyer et réduire en miettes les os, ce qui fait qu’ils sont attendus pour d’autres concerts. Contrairement aux groupes brutal death à la mode, ils préfèrent les sons plus organiques de batterie, les riffs graves et massifs, de guitare, mais ne sont surtout pas en reste côté blast beats ultra frénétiques.
Fab : A noter que ces 2 groupes partageront entre autres l’affiche avec les groupes Trashnasty et Imperial sodomy à Toulouse le 22 octobre 2005, et lors d’autres occasions où que ce soit donc soyez vigilants !..
As tu d’autres activités a part le label ? Est ce que tu joues d’un instrument ? Es tu membre d’une asso, zine, groupe etc.. ?
Fab : Oui j’ai d’autres activités, le label ne nous nourrit évidemment pas, à côté je bosse dans le domaine de l’infographie (création de sites, mise en page, …).
Je suis sinon aussi guitariste dans le groupe Ouroboros. Le label Snakebite productions est, et restera encore associatif donc je n’appartiens pas à d’autres associations pour bien m’y consacrer. On donne tant que possible quelques coups de mains aussi en promo à d’autres asso dans notre région par l’intermédiaire de notre site.
Merci à toi d’avoir pris le temps de répondre à mes questions, je te laisse le mot de la fin en guise de conclusion..
Fab : Merci de ton support à nos activités, c’est vraiment bien appréciable des gens comme toi.
Vous pouvez vous tenir informer sur le site de notre label : www.snakebiteprod.com
N’hésitez pas à y faire un tour sur, ou sur notre forum, et venez découvrir dans notre catalogue d’autres groupes de notre région tel que : Dysfunction, Ossuaire, Trashnasty, Grimoria, Nuit noire, Fleshdoll …
Merci également à ceux qui ont pris le temps de lire l’interview, qui j’espère aura été intéressant !
Très bonne continuation à toi avec Crypt of dr Gore.